Image : Gustavo Fring

Alors comme ça. vous êtes libriste et joueur ? De vieilles légendes disent que les deux ne vont pas ensmble, qu’on ne peut pas jouer sous Linux, qu’il n’existe pas de jeux libres… Hé bien, on a essayé, et on va vous prouver que ces vieilles légendes peuvent retourner avec les autres histoires de croque-mitaine : au placard.

Ce dossier est composé de deux parties : la première parle des jeux libres que nous avons essayé, la deuxième explique comment jouer sous Linux. Vous voudrez peut-être commencer par la deuxième partie pour pouvoir essayer les jeux présentés dans la première.

Table des matières

Les jeux libres

On va vous dire la vérité : même nous avons été surpris du nombre de jeux libres disponibles. Leur popularité augmente, et c’est bien pour de nombreuses raisons.

Pour info nous avons parcouru la liste impressionnante établie par Wikipédia - List of open-source video games.

Les avantages du jeu Libre

Tout d’abord, les jeux libres sont souvent personnalisables facilement. On ne parle pas que de modifier le code, ce qui est évidemment possible, mais plus simplement, via des mods, des éditeurs de niveau ou des plugins. C’est dans l’ADN du libre, ce sont des jeux qui impliquent la communauté.

Ensuite, on oublie toutes ces cochonneries de DLC, micro-transactions, achats en jeu ou autres pay-to-win. Le jeu est libre, donc chacun pourrait accéder, copier, redistribuer tout contenu limité ou caché. Ah, et ils sont généralement totalement gratuits.

Est-ce que cette liberté peut faciliter la triche ? C’est possible. Mais la triche est aussi un problème sur les jeux propriétaires, et les solutions techniques mises en place sont de plus en plus intrusives. D’autres types de solutions, sociales - comme l’exclusion par votes - ou mieux encore, incitant à ne pas tricher, sont souhaitables.

Allez, sans plus attendre on passe à la liste des jeux qui ont retenu notre attention.

SuperTux Kart

SuperTux Kart, c’est la garantie de s’amuser en famille. Prenez le contrôle de votre petit bolide et gagnez la course à la loyale… ou pas.

Capture d’écran de Super Tux Kart

Pour plus de fun, utilisez une manette USB (celles de XBox par exemple, ou un modèle générique).

Et un conseil : mettez le niveau de difficulté sur SuperTux (le plus dur) pour un décoiffage maximum.

Plusieurs solutions pour jouer à plusieurs :

  1. Partage d’écran : l’écran est coupé en plusieurs zones, une par joueur. Nécessite plusieurs manettes et/ou plusieurs claviers. Difficile à plus que deux.
  2. Réseau local : Plusieurs PC sur le même réseau. Un des PC fait le serveur, les autres se connectent dessus, et tout le monde court ensemble ! Fonctionne parfaitement sur un réseau wifi domestique. Tout se fait depuis l’interface en trois clics, aucune connaissance technique nécessaire.
  3. Sur internet : créer ou rejoindre un serveur sur le net et jouer avec des joueurs du monde entier - ou vos amis chez eux

Hedgewars

Hedgewars un clone très réussi de Worms, le jeu idéal pour régler vos problèmes en famille ou entre amis. Balancez une grenade sur les petits hérissons de votre grand frère, demandez une frappe aérienne destructrice ou pire : humiliez-le en le poussant simplement du bord d’une falaise.

Capture d’écran de Hedgewars

On joue chacun son tour, soit sur un même PC, soit en réseau. Mais attention, le temps est limité, ce qui garantit des parties toujours rythmées. Notre impuissance en voyant nos petits soldats se prendre un kamehameha ou se faire écraser à coups de marteau fait partie du jeu - et puis, c’est bientôt votre tour, et vous voyez déjà exactement comment utiliser le grappin pour déposer un bâton de dynamite derrière ce petit arrogant… 🔥!

Aussi disponible sur Steam.

Warfork

Warfork est un jeu de tir à la première personne en arène. Rapide, fluide, il mettra vos reflexes à rude épreuve. Avec un look sympa en cel-shading.

Capture d’écran de Warfork

Il se joue via internet, et est disponible sur Steam uniquement.

The Dark Mod

The Dark Mod est un jeu d’infiltration dans un monde fantasy/médiéval.

Faufilez-vous dans les zones d’ombres, escaladez les bâtiments, éteignez les bougies avec vos flèches à eau, crochetez les serrures, manipulez les objets pour voir les inscriptions cachées en-dessous, assommez les gardes ou faites-leur les poches. Mais attention, les gardes ne sont pas des idiots, ils peuvent vous voir, vous entendre, ou deviner qu’il y a un problème si toutes les lumières s’éteignent ! Et en dernier recours, vous devrez vous battre pour votre vie !

Capture d’écran de The Dark Mod

La richesse de ce jeu vient aussi de son nombre impressionnant de missions (j’en ai compté 164 sur le site), créée par les joueurs de la communauté grâce à l’éditeur de mission.

Un excellent jeu, avec une belle ambiance.

Zero-K

Total Annihilation, ça vous parle ? Zero-K fait immédiatement penser à cette référence du Real-Time Strategy. Les joueurs ont accès à un grand nombre d’unités terrestres, maritimes et aériennes, qui permettent d’innombrables stratégies.

Capture d’écran de Zero-K

Certaines unités peuvent devenir invisibles, plonger, sauter ou se téléporter. Il est même possible de modifier le terrain pour construire des murs, des tranchées ou des rampes !

Capture d’écran de Zero-K montrant les possibilités de terraformation

Le jeu propose en plus du scénario solo un mode multi-joueur dans lequel les joueurs se regroupent par faction et tentent de faire gagner des planètes à leur faction.

Le plus simple pour l’installer est de passer par Steam. Sinon le site propose des méthodes alternatives.

Le jeu inclut un éditeur de cartes et de missions, mais il est aussi possible avec des scripts Lua de modifier le fonctionnement du jeu.

MineTest

Minetest est un clone de Minecraft. C’est une sorte d’énorme bac à sable, un lego numérique, dans lequel le joueur peut détruire et ajouter des blocs pour modeler le paysage ou construire des bâtiments à sa guise. Les matériaux récoltés peuvent aussi servir à fabriquer des objets : du minerai de fer fondu avec du charbon dans un four permet d’obtenir des lingots de fer, avec lesquels on pourra construire des outils, etc… De très nombreux mods (extensions) permettent de changer les graphismes, ajouter des animaux, des monstres, des personnages, des outils, des trains…

Capture d’écran de Minetest “de base”

En réalité MineTest est un moteur, il faut installer des jeux dessus. Certains ont un scénario, d’autres sont des mondes ouverts totalement libres. Installer un jeu se fait très simplement par l’interface, en cliquant sur le + en bas de la fenêtre d’accueil. Il est recommandé de commencer par le jeu tutorial. Les jeux ont des règles spécifiques, et on en trouvera un se déroulant dans le cyberespace, un jeu de labyrinthe, un de survie, etc… Minetest est même régulièrement utilisé pour des projets pédagogiques ou de recherche.

On peut soit jouer seul, soit rejoindre l’un des nombreux serveurs de la communauté, soit monter son propre serveur réservé à ses amis (très pratique pour les parents qui veulent un espace protégé pour leurs jeunes enfants).

Il existe une énorme communauté sur le forum, y compris en français, et des aides pour démarrer.

Sur de nombreuses distributions, l’installation se fait par le gestionnaire de paquets. Sinon, consulter la page de téléchargement. Installateur aussi disponible sur Android, via F-Droid.

Freeciv

FreeCiv est un clone de Civilisation.

Si les graphismes ne sont pas au niveau des dernières versions - on est plutôt au niveau du 2 là - on retrouve bien l’esprit du jeu et toutes ses composantes : gestion des villes et des unités, arbres des technologies, balance financière/recherche/bonheur, gestion des ressources stratégiques, exploration, diplomatie, combats…

Autres jeux

Quelques autres jeux sympa que nous n’avons pas le temps d’explorer en détails ici :

  • 0 A.D. est un jeu de stratégie temps-réel, clone de Age of Empire.
  • Vega Strike est un jeu spatial dans un monde ouvert, inspiré de Privateer

Jouer sous Linux

Les dépôts

Certains jeux sont disponibles directement dans les dépôts officiels des distributions. Un tour par le gestionnaire de logiciels ou une commande apt install peuvent suffire.

Sinon, les jeux indiquent souvent comment les installer manuellement sous linux. Attention toutefois si la doc vous propose une compilation, ce n’est probablement pas ce que vous cherchez ! Par contre toutes les méthodes du genre paquets rpm ou deb, ppa, snap, flatpack sont des méthodes assez simples et rapides. Essayez !

Steam

Steam est un magasin de jeux, principalement commerciaux. Il propose de plus en plus de jeux compatibles Linux, et très facilement installables (deux clicks).

Jetez un oeil, vous serez surpris du nombre de jeux compatibles Linux.

Sous le capot, on retrouve des émulateurs comme wine ou plus récemment, proton.

Émulation

Il existe de nombreux émulateurs sous Linux, pour diverses plateformes.

Batocera est une distribution Linux complète qui est capable d’émuler de l’Atari et du Commodore autant que la PS3 ou la Wii, en passant par les jeux d’arcades, la DreamCast et la Game Boy…

Il est aussi possible d’installer les émulateurs directement sur un PC Linux : MAME (pour les jeux d’arcade), Wine et Proton (pour les jeux Windows), DosBox (DOS)… En fait il y en a tellement qu’il y a un projet qui permet de les télécharger, les installer et les utiliser facilement : RetroArch (qui, évidemment, est un projet libre).

Tous les émulateurs viennent sans les jeux, qu’il faudra vous procurer par d’autres moyens. Les sites d’abandonware sont souvent un bon point de départ.